"Superstars" d'Ann Scott, vue par Nina Astone

Roman à la dérive comme ses héroïnes, "Superstars" parle de musique, de sexe, de drogue, de névrose et d'amour (pas nécessairement dans cet ordre).

Superstars, Ann Scott

Mon avis sur "Superstars"

Roman à la dérive comme ses héroïnes, "Superstars" parle de musique, de sexe, de drogue, de névrose et d'amour (peut-être pas dans cet ordre). Il rappelle (ou dévoile) aux anciens jeunes de la génération X, cette espèce d’urgence à vivre et à jouir que l’on ressent les nuits de défonce où rien d’autre ne compte que de s’éclater à fond et baiser à mort.

Ayant moi-même vécu une adolescence très rock pour m'orienter plus tard vers les clubs "électro" où l'on s'oublie au son des basses jusqu'au petit matin, Superstar a incontestablement raisonné fortement en moi. Et il fait indéniablement partie des livres que j'ai les plus kiffés ! Comment en effet ne pas craquer pour un bouquin aussi urbain et trash que ce second opus d'Ann Scott, écrivaine underground symbole d'une recherche désabusée et désinvolte d'amour, de plaisir et d'abandon.

Pitch de "Superstars"

L'histoire se déroule dans le Paris lesbien des années 90. Il dépeint l'univers de la nuit et de ses excès de drogues et de sexe. On y croise des filles borderlines qui minent en son sein un terrain vague de pulsions, de sexe et de quête de soi.

Il raconte l'histoire de Louise qui aime le rock, les mecs et la came mais dont l'univers bascule le jour où elle découvre la techno, les gonzesses et les ecstas'. La trentaine fatiguée par les excès, elle ne sait que choisir : glander ou bosser, les mecs ou les filles, le rock ou l'électro... Complètement paumée et fauchée, Louise poursuit sa quête d'identité, d'amour et de luxure dans les bras d'Inès, une très jeune fille elle aussi à la dérive. Ensemble, elles vont vivre, survivre, aimer, angoisser, baiser, sniffer et gerber cette vie ultra grisante qu'elle en devient usante et pathétique. Mais au bout du compte, Louise se demande si elle ne fait pas fausse route...

Extrait du livre

" Il y a un an, une nuit de Janvier, je me suis pris une grande baffe dans la gueule par un videur du Rex. Je me suis retrouvée sur le trottoir, en robe et sans manteau avec du sang plein les mains. L'Entracte, cette boite pour filles un peu plus loin sur le boulevard, était le dernier endroit au monde où j'aurais voulu me rabattre. Mais j'étais suffisamment défoncée pour en faire abstraction, suffisamment, donc, pour dissuader n'importe quelle éventuelle connasse de s'approcher. Juste avant, je sortais des toilettes du Rex où je venais de m'envoyer de l'héro pour la première fois depuis longtemps, aussi je flottais déjà agréablement en longeant le couloir vers la salle. Je regardais par terre en marchant, un élastique entre les dents pour rassembler mes cheveux, quand je suis tombée nez à nez avec Alex. "

Ann Scott

Fille d’une photographe russe et d’un collectionneur d’art français, Ann Scott a quitté Paris à 17 ans pour rejoindre Londres où elle a été mannequin et batteuse punk. Après s'être perdue dans le milieu des nuits parisiennes trash, elle a signé deux romans salués par la critique "Asphyxie" (1996) puis "Superstars" (2000).

A l'âge de 58 ans, Ann Scott vient de remporter le Renaudot 2023 pour son roman "Les Insolents" qui retrace l'histoire d'Alex, une compositrice de musique de films quadragénaire, qui quitte la capitale pour se réinventer "ailleurs et seule" à l'instar de l'autrice qui a délaissé Paris pour la Bretagne où elle vit désormais.

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Tendres Baisers, Nina